09 janvier 2009

Enfer & Paradis

Ce que d'aucuns nomment "dépression", j'aurais tendance à appeler ça : "simplification". Simplification syntaxique et grammaticale. Les "il faudrait", "j'aurais dû", "il se pourrait que" disparaissent soudainement - trop compliqué. La structure en sujet/verbe/complément aussi - pas assez de place. Reste l'infinitif, sans sujet, sans complément : "manger", "dormir", et surtout : "être". Enfin ... surtout ... n'allez pas croire que soudain le fait d'"être" soit nimbé d'une aura particulière, avec quelques anges à trompette dansant le charleston. Il s'agit de l'Etre (majuscule, quand même) dans sa nudité, sa simplicité, sa banalité et sa morosité la plus complètes. Sans fioritures. On se demande même (là je me demande, tout à coup) si ça vaut la peine d'en parler. En tout cas pas trop. Deux trois phrases, pour attester. Afin de me souvenir, aussi, pour la prochaine fois.

Cela reviendra probablement, par en-dessous, sans que je ne puisse le contrôler. En-deçà de l'édifice abscons de mes passions fantasmagoriques, en-dessous des fondations branlantes de mes châteaux en Espagne, l'appel de la réalité, franc, vif, nu, le regard diamanté de la Panchamama, absolument cruel, totalement fatal. Lorsqu'il est confronté à ce regard, le psychisme implose, je veux dire, retrouve ses proportions réelles, équivalentes à celles d'un point sans volume et de densité infinie. Juste assez petit pour passer par le chas d'une aiguille. Toi qui passe cette porte, abandonne tout espoir ... L'enfer est ici-bas, juste à l'endroit où ma semelle touche le sol. Refuser la fatalité crée l'enfer. L'accepter, c'est le paradis. Oui oui.

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