31 décembre 2008

Trente Petits Martyrs

Chaque moment offre la possibilité d'entrer en rupture avec la malédiction qui fait de notre futur le copié-collé de notre passé. A chaque moment, l'ensemble infiniment diffracté des possibles s'ouvre à nous. C'est par inertie, par paresse, ou les deux, que nous choisissons de répéter indéfiniment le même mantra dont nous faisons la substance de notre identité. Et curieusement, le réflexe de fuite en avant grâce auquel nous pensons pouvoir dépasser notre passé nous lie à lui avec une force exactement proportionnelle à celle que nous mettons à le fuir. Car dénier n'est pas résoudre, non-dire n'est pas intégrer.

Paradoxalement, c'est la plongée consciente dans l'univers des souvenirs et des rêves qui permet à notre esprit de dénouer les îlots traumatiques et de libérer les forces du Serpent qui dorment en leurs noeuds secrets. La fuite en avant, la "croissance" comme disent nos chers politiciens, va amplifier ces noeuds, multiplier la rage non-dite qu'ils contiennent, envenimer l'affaire jusqu'au point où l'assassinat compulsif de populations entières semblera la seule solution apparemment satisfaisante. Je lis le journal ce matin. Trente enfants morts. Trente petits martyrs. Pourquoi ? Pour permettre aux décisionnaires de la Knesset de ne pas se poser littéralement la vraie, la seule question profondément nécessaire. Holocauste, en somme, offrande aux dieux pour le rachat des fautes. Et il faudra une ou deux générations de palestiniens supplémentaires, ou dix, ou cent, pour transcender le désir de vendetta que cet acte aura produit dans l'inconscient collectif. Collectif. Notre inconscient est collectif. Tout comme la responsabilité. Nous rêvons un rêve commun. Rien ne nous sépare - ou si peu ...

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