Il y a 35 000 ans, la rencontre entre deux espèces humaines, les Néanderthaliens et les Cro-Magnons, provoque la disparition des premiers et la monopolisation des seconds. On imagine une lutte territoriale dans le bon style malthusien. Marylène Patou-Mathis propose une autre explication ...
A force de vivre en pensée avec Néanderthal, elle n’arrive pas l’imaginer comme un guerrier - on n’a pas trouvé un seul site où ils s’entretuent ; pas rencontré de trace de guerre entre Néanderthaliens. (...) Ce sont des nomades pacifiques, fondus dans la nature, suivant les troupeaux, ayant des rapports épisodiques. Je crois qu’ils ont senti la présence des Sapiens. Imaginez leur stress et leur étonnement de découvrir des êtres comme eux, intelligents et féroces, eux qui régnaient sur le monde depuis 300.000 ans, parfaitement adaptés.
Au lieu de défendre leurs territoires de chasse, d’aller à la rencontre d’Homo sapiens, Néanderthal s’éloigne, recule... Certains évolutionnistes y voient la preuve de leur échec génétique en tant qu’espèce. Elle aurait manqué, ou perdu l’agressivité nécessaire pour affronter ce changement radical de son environnement : l’arrivée d’un rival - d’un prédateur. Marylène Patou-Mathis préfère son approche "culturelle". Les Néanderthaliens vivaient en osmose avec la nature et le gibier, ils répugnaient au crime, ils ne s’entretuaient pas, ils ont abandonné lentement le terrain aux Sapiens, cherchent de nouvelles terres. Autrement dit, ils ont refusé le combat !
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Cela inverse quelque peu notre image à priori : le Néanderthalien, brute au front bas et à la musculature massive, le Cro-Magnon au visage fin, au front élancé, aux membres graciles. Il est probable que, compte tenu de sa force physique et de l'avancée de sa technologie, si le Néanderthalien avait réellement eu l'intention de se défendre, nous n'aurions pas fait long feu. Nous imaginons maintenant cette autre scène : un peuple doux, vivant en harmonie avec la Terre et les Cieux, cultivant leurs rêves comme des jardins précieux, face à une autre espèce au front surdéveloppé et à l'agressivité très proactive ...

La même scène que nous avons vus se produire aux temps contemporains lorsque l'Anglais imbibé d'alcool imposa son ordre du monde aux vastes territoires du Nord de l'Australie. Le cerveau du Néanderthalien est polarisé en arrière, et celui du Cro-Magnon, en avant. La méditation permet une détente de la pensée frontale et un passage de notre attention vers l'arrière de notre cerveau : la sensation remplace la projection, la réminiscence remplace le fantasme, le rêve et les souvenirs traumatisants deviennent plus facilement accessibles. Chez le Cro-Magnon au front hyper-développé, la méditation est une activité nécessaire. Il a fallu que le ciel nous délègue quelques avatars-instructeurs pour nous le rappeler. Peut-être le Néanderthalien vivait-il en état de méditation spontanée, permanente et sans effort ? Peut-être, vivait-il naturellement en état de "dreamtime", comme son cousin aborigène aux pieds calleux ? Avoir perdu notre faculté de nous souvenir au profit d'une inventivité plus performante, est-ce une bénédiction ou une malédiction ? L'avenir nous le dira ...
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