Ma dépression annuelle était, cette fois-ci, bien au rendez-vous. Le choc, toujours inattendu, m'avait frappé frontalement à trois reprises. Mon crâne aurait pu absorber chacun des trois chocs séparément, mais survenant à la queue leu-leu dans l'espace de quelques jours, mon buffer satura. Les trois angles, légèrement différents, questionnaient trois aspects de mon identité relative : érotique, parentale et professionnelle. Bing !

La pratique de l'aïkido m'a appris que lorsque l'adversaire est trop fort et/ou trop volontaire, le mieux à faire c'est d'adopter une méthode yin. Je me laissai donc tomber en ce lieu en nous sans espace et sans fragilité, absolument statique, absolument solide, totalement fiable, à savoir : le centre de la matérialité, le noyau Sacral. La méthode est simple : il suffit d'arrêter de lutter. Je pris une position foetale, sous ma couette, et je perdis tout espoir.
La pensée et la volition s'arrêtent. Tout l'être se recroqueville. On peut toujours se raconter des histoires. Mais pour que le procédé soit rapide, profond et efficace, il est nécessaire de : "ne pas se raconter d'histoire". Dans ce lieu de rassemblement, le psychisme fracturé se repose, et l'âme cicatrise. Si on lutte contre l'aspiration vers le bas, on ne fait que reporter l'échéance, et la souffrance s'allonge indéfiniment, tant qu'on n'a pas accepté, de tout son être, notre absolue impuissance. Si on l'accepte, le corps prend spontanément la position foetale et se retire du monde le temps nécessaire à la transmutation.
Cela n'a duré qu'un jour. C'est un progrès. Avant il me fallait une semaine, un mois, un an. Et durant ce laps de temps où l'arrogance m'empêchait de mourir à mes illusions, l'aspiration vers le bas continuait de me hanter comme une possibilité qu'il me fallait fuir. Maintenant je sais. C'est très simple. Se laisser plonger dans le gouffre, sans aucune résistance. Cela demande une certaine forme de courage ... inversé. La plongée est directe, profonde. Et au fond, on retrouve le contact avec le sol que nos illusions avaient maintenu à distance tout le temps que notre volonté s'y était investie. Là, sans volonté, le corps massif se pose sur le sol, lentement, se donne le temps de repos qu'il faut, et spontanément ensuite, renaît, rafraîchi, avec une ou deux illusions en moins. La clé, c'est la confiance.
Oh, jamais tu n'avais écris aussi simplement... c'est doux et limpide, comme un flocon de neige qui tombe lentement et se fond sur le sol. Et l'image est très belle aussi. Merci pour cette fraîcheur.
RépondreSupprimerOh bin merci alors. Wi, peut-être qu'un peu de complication est tombé avec le voile. Ou peut-être est-ce par osmose avec ton style ?
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