27 août 2008

Paradoxe(s) du Pouvoir

L'homme de pouvoir est obnubilé par la question du comment (atteindre le pouvoir, le maintenir, empêcher quiconque de le partager,...), et ne se pose jamais la question du pourquoi. Il suffirait qu'il se pose un petit peu la question du pourquoi pour perdre tout ou partie de son obnubilation. En outre, il est entouré par une horde de rats-loups aux dents longues qui ont développé un sens extrêmement aigu de la faille chez l'Autre. Tant de lui à lui que de lui aux autres, l'homme de pouvoir sait donc que le moindre doute signifie la mort. Par nécessité vitale, l'homme de pouvoir investit exclusivement son âme dans sa capacité extra-ordinaire à ne pas considérer le contexte. La science du contexte se nommant : écologie, il n'est pas étonnant qu'une planète aux mains exclusive des hommes de pouvoir ressemble, au bout de cent siècles d'exactions, à une immense poubelle.

Cette capacité extra-ordinaire maintient l'homme de pouvoir dans un activisme forcené, une fuite en avant continue, où il lui est interdit de jamais jouir de son pouvoir, où la seule chose permise consiste à jouir d'imposer son pouvoir à tout quiconque lui résiste. Quoique son comportement émanât d'une certaine philosophie prônant l'autonomie, l'homme de pouvoir est donc absolument dépendant des obstructions qui l'encombrent, qui réverbèrent sur lui son sentiment d'exister, et sans lesquelles il ne se sent absolument rien. Ne se sentir absolument rien est l'essence de notre identité humaine, et c'est sans doute pour fuir cette sensation fondamentale que l'homme de pouvoir met tellement d'énergie dans ce qu'il fait. Le problème c'est que, tôt ou tard, s'il est suffisamment volontaire et/ou intelligent, l'homme de pouvoir atteindra le pouvoir absolu, càd un état sans obstruction. Sans rien pour réverbérer son identité sur lui, il sera confronté au même sentiment de vide total qu'il tentait de fuir, sans plus rien pour l'en départir. L'histoire nous raconte que ces gens-là virent dans l'alcoolisme (Staline), les barbituriques (Mao), ou simplement dans la folie (Howard Hugues). Les gens de pouvoir moins volontaires et/ou moins intelligents savent-ils que le pouvoir absolu est un état illusoire, équivalant en réalité à la mort de l'âme ? Probablement pas, car pour savoir cela, il faudrait qu'ils se posent (un peu) la question du pourquoi ...

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