Comment percevoir la saveur de l'eau si j'en suis constitué à 80% ? Comment percevoir le goût de l'air si je le respire continûment ? Il faudra manquer d'eau ou d'air pour percevoir ces deux substances par contraste. Ceci est possible pour des substances dont la quantité est fluctuante. Mais quoi de l'Esprit ? Mon identité est constituée à 100% d'Esprit, et cette substance particulière ne connaît aucune fluctuation, sa densité étant maximale en tout point de l'espace et du temps. Comment le percevoir ? La réponse est simple : c'est impossible. L'Esprit étant le sujet percevant, je ne puis le percevoir, au même titre que l'oeil ne peut se voir ni l'oreille s'entendre.
Cette impossibilité constitue un vide particulier, essentiel, qui est sa signature spécifique. Je ne puis poser l'Esprit face à moi comme un objet. C'est un critère très intéressant, car si je puis poser un quelconque "esprit" face à moi (le considérer, y appliquer mon attention, réfléchir à son sujet), il y a de fortes chances pour que ce que j'étiquette sous cette appellation ne soit pas l'Esprit, mais un concept, une idée, un idéal, autant de formes plus ou moins subtiles tentant de s'y référer mais non confondables avec lui. Je ne puis le connaître que par expérience. Je puis accorder mon être à sa Présence, ma conscience et sa clarté étant consubstantielles, comme le sont un lac, un nuage, un océan.
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