26 novembre 2008

Triangulation

La triangulation est l'ajout d'un troisième terme médiateur à une relation bipolaire engagée dans un conflit ontologique. La relation bipolaire s'opère le long de l'axe moi/Autre ou Sujet/Objet. Chacun des pôles se considérant lui-même comme Sujet aura tendance à imposer à l'Autre la position d'Objet. Ceci constitue la racine ontologique de tout conflit interpersonnel. Tant que la relation se limite à l'axe Vital 1D, le conflit ne peut se résoudre. Car il est juste pour chacun des deux termes d'affirmer sa position de Sujet. Ce n'est pas comme si on pouvait l'éviter. L'affirmation du Sujet chez l'un produit automatiquement la négation du Sujet chez l'Autre. Les deux termes sont complémentaires et simultanés.

Dans certains cas, le conflit peut trouver une pseudo-résolution dans la création d'une relation sado-masochiste, où le masochiste décide d'adopter délibérément la position d'Objet. Mais en tant qu'il se donne l'illusion de croire que son choix est délibéré - non contraint - il caresse dans le secret de son âme le fantasme de tenir réellement les rênes de la situation (ce qui est parfois vrai - par ailleurs). En fait il est impossible d'adopter délibérément la position d'Objet (les termes délibérément et Objet étant contradictoires). On ne peut - au mieux - que se parer des atours de l'Objet : mais la position du Sujet dans ce cas, se rétracte sous le voile des apparences. Donc en réalité, dans la solution sado-masochiste, le conflit ne se résout pas. Nous avons toujours affaire à deux Sujets tentant de s'affirmer en niant l'Autre, mais le sadique choisit d'adopter la position d'un Sujet apparent, et le masochiste, celle d'un Sujet caché, fourbe, capable, en temps et en lieu, des plus cruelles revanches.

L'ajout d'un troisième terme permet de sortir de l'espace Vital 1D et d'accéder à l'espace Social 2D situé dans le Coeur. Au sein même du conflit m'opposant à l'Autre, je puis à n'importe quel moment opérer la translation intérieure consistant à considérer le conflit à partir d'un troisième point de vue, médiateur et neutre. De ce point de vue, il apparaît tout de suite évident que chacune des deux parties a raison, et que sa position d'affirmation se justifie intrinsèquement. Il apparaît aussi que le problème ne peut se résoudre, puisque aucun des deux Sujets ne peut adopter la position d'Objet sans mourir (à proprement parler). Mais il semble tout aussi évident que le conflit n'est pas si tragique ni si insupportable que ça. Evidemment, si l'on considère le conflit par la lorgnette 1D du Vital, la défaite et la victoire sont absolument contradictoires : la victoire est à chérir absolument, et la défaite, absolument à éviter. Mais considéré du troisième point de vue, avec un peu d'humour, il semble très acceptable que cette tension défaite/victoire ou Objet/Sujet puisse osciller librement d'un pôle à l'autre de la relation, créant entre ces pôles une tension dynamique servant de moteur au système. Chacun adopte pour un temps la position du Sujet ou de l'Objet et oscille de l'un à l'autre au gré des fluctuations naturelles de son âme, sans se cristalliser dans une position fixe. Cet humour, cet espace de liberté permettant une translation tripolaire, sont équivalents à l'espace du pardon situé dans le Coeur, lieu de notre conscience Sociale, mystique et amoureuse.

4 commentaires:

  1. Waouw, ai vraiment appris quelque chose en te lisant! Cette analyse accompagne déjà mes pas...subtile dimansion, du grand art et du baume au coeur aussi, merci.

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  2. Dans l'enthousiasme, en oublie l'ortographe ! Je rectifie (de l'humour, que diable!): dimEnsion !

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  3. Oh bin merci alors dis. De rien alors hein. Euh ... Voilà voilà. Bizou ?

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