13 avril 2008

Sociopathie & Normalisation

Une certaine méthode psychothérapeutique que l'on pourrait qualifier de normative propose de répondre à tel excès de l'âme par une force contraire qui pourrait l'équilibrer. Par exemple, on peut répondre à l'excès vital propre à certain comportement sociopathique en augmentant la charge coercitive "socionormative" - ce que la prison ou la chaise électrique font de manière plus ou moins conscientes. Il s'agit en somme de résoudre le conflit entre liberté et contrainte en augmentant la contrainte, ce qui me semble un tout petit peu naïf, car basé sur la croyance que la liberté pourrait ... s'éteindre ?

Si conflit il y a, c'est parce que, dès le départ, dans la représentation qu'il se fait de lui-même, l'être répond à chacun de ses "excès" en invoquant la force qui lui est opposée. Au moment où, par exemple, le sociopathe ressent de la Joie - expression naturelle d'un vital libre - automatiquement sa pensée invoque l'image d'une coercition, et cette invocation génère, par réaction immédiate, une pression du vital à l'encontre de cette image. Et plus l'image est de nature coercitive, plus la réaction du vital sera violente. La question n'est donc pas "que faire pour adapter le sociopathe à la structure coercitive de la cité" mais "comment aider le sociopathe à libérer sa joie de toute coercition imaginaire".

2 commentaires:

  1. J’ai rencontré un moine duquel émane la Joie. Loin d’être un sociopathe, il rayonne de son cœur une paix tel un creuset de lumière.
    A mon humble avis ( … !), le vital s’il n’est pas rencontré par l’amour, peut devenir une force de destruction de tout autre que lui. La rencontre des deux est la Joie.
    Une société, qui ne favorise que le vital au détriment de l’amour, autrement dit, si le masculin n’est pas harmonisé par le féminin, sans que l’un l’emporte sur l’autre, crée inévitablement le sociopathe. Qu’en penses-tu ?

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  2. Merci pour ton commentaire!

    Je pense d'abord que le Coeur et le Vital ne sont pas dans une relation de nécessité réciproque. Il s'agit de deux voies indépendantes d'accession à la Divinité, la première par quoi le sujet se fond dans la Volonté de Dieu (ce n'est pas moi qui agit ...), la seconde écrasant le sujet dans la contemplation de Sa Beauté. L'être complet articule en lui ces deux aspects, et d'autres encore. Mais cela ne se décide pas mentalement. Chaque aspect de la Divinité émergeant en nous suit un rythme de développement strictement personnel, absolument incontrôlable.

    Je le sais pour avoir fait récemment l'expérience de la Grande Colère. Je n'aurais pu en rien prévoir son avènement, et je ne contrôle en rien les modes de son expression. Le résultat est une repolarisation complète de mon univers environnant en fonction d'un nouveau paramètre invariant, d'un nouvel axe structurateur, d'une nouvelle échelle de valeur. Et je ressens de la Joie en voyant cela se produire, et mon Réel se transformer effectivement. Cela suscite en moi le sentiment de la victoire. Comme un dénouement. Comme enfin l'acte nécessaire qu'il fallait produire. Or, cette polarisation ne se produit pas sans violence. Il y a de la résistance autour de moi, des êtres qui s'étaient habitués à une certaine douceur qui soudain se trouvent face à l'Ogre, ou au Tigre. Le fait même que je me donne la possibilité de choquer l'Autre sans spécialement lui demander la permission est source d'une grande Joie. Il y a deux aspects. D'abord parce que je sens que mon choix de vie porte en lui-même sa justification. D'autre part parce que je sais que l'Autre, s'il m'aime vraiment, aimera que je me connaisse mieux, même au prix de l'avoir rejeté. Je suis conscient de la violence contenue dans de tels propos. Mais je suis également conscient que cette violence n'est pas contenue dans ces propos, mais est relative à la façon dont ces propos seront reçus.

    Et ici ce pose dès lors la question de la relation du Vital avec le Coeur. Le Coeur étant douceur, ouverture, sensibilité, quoi de la façon dont la violence du Vital sera reçue par lui ? Mais comme je le disais, le Vital n'est pas violent en soi : il est violent lorsqu'il rencontre une résistance. Et dans l'âme, le Coeur n'offre pas de résistance au Vital, mais lui offre un lieu où s'épanouir, comme la fleur offre à la sève jaillissant de la tige un lieu où devenir Beauté. Le Coeur reconnaît la valeur intrinsèque émanant du Vital, et s'ouvre à la possibilité d'être violenté par lui. Et magiquement, la violence n'a pas lieu, parce que l'ouverture, justement, n'offre aucune résistance. Alors la Joie émanant du Vital et la Beauté contenue dans le Coeur s'unissent en un troisième terme que je n'ai pas encore nommé.

    Ce métabolisme intîme par quoi les essences se rencontrent dans l'Alambic Secret n'a que peu de rapport avec la façon dont l'entreprise sociale gère l'expression du Vital. Le Mental, je pense, y joue un rôle prépondérant, un Mental qui serait dénué de Coeur. Un Mental qui viserait l'obtention d'un monopole du sujet, et verrait d'un mauvais oeil l'apparition dans son territoire d'un sujet indépendant de lui, à savoir, le sujet inconscient du désir. A cela, le Mental répond souvent par la coercition, càd par la définition stricte d'une forme hermétique qui jugulerait le Vital et l'empêcherait de s'exprimer. Chose à laquelle le Vital ne peut répondre que par la colère, càd la revendication d'être libéré de cette contrainte. Chose à laquelle le Mental répondra par la peur, dont l'expression immédiate sera un resserrement de l'étreinte. Etc... Les deux extrèmes seraient la dépression (victoire de l'étreinte Mentale) ou la folie meurtrière (victoire de la colère Vitale), et la solution intermédiaire prônée par les annafreudiens : un équilibre oscillant à amplitude minimale entre les deux pôles de cette dialectique.

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