Je flottais galamment dans les atours cotonneux de ma conscience matinale lorsque je décidai d'apposer sur moi un regard non dénué de connivence. Holà fichtre ! Finalement, à tout bien penser, des éclairs de lucidité électrique parcouraient mes atours inconfortablement. Car la Vie (avec une majuscule s'il vous plaît) s'ingénie à nous confronter. Enfin bon, elle ne s'ingénie pas, elle est assez directe. C'est nous - je veux dire : moi - qui tortille du cul. Le souvenir de quelques exigences de confrontation dues à l'existence d'un Réel indépendant de ma volonté se rappellaient à moi fort diligemment ...
Il y a ce propriétaire dont l'index annuel ressemble de plus en plus à un majeur - ?! - et, qui plus est, habite au rez de mon propre immeuble. Il y a cet enfant (très) nouveau-né qui s'agite à l'étage en-dessous. Et il y a sa maman qui a décidé de le stimuler de façon systématique (en déclamant la même comptine, à plus soixante décibels, nonante fois d'affilée). Tout ceci vient taper au centre de mon bulbe avec une constance proprement mathématique. Le ciblage est très précis. Les sons de la maman, les gloussements du môme, l'ambiance générale de méfiance due au spectre de mon propriétaire contre lequel je devrais bientôt faire appel à la loi, tout cela vient stimuler précisément le même point. Condensat d'énergie, pouvant prendre plusieurs états selon mon degré de disponibilité : résignation, frustration, agitation, colère, angoisse, excitation ou joie, selon.
L'idée que je puisse faire appel à la loi pour confronter l'index intrusif de mon propriétaire me fait osciller de l'angoisse à l'excitation, selon mon degré d'acceptation de cette idée. Si je reserre ma prise, cela m'angoisse. Si je me détend, cela me remplit d'excitation joyeuse. Haha ! Le pleutre ! L'infâme ! Et me voici brandissant le glaive de mon propre Vital face à l'ennemi obscur et rampant. En fait, le Vital se brandit en moi, de sa propre initiative, indépendamment de ma volonté. Cela m'agite, m'angoisse, me fait tortiller parce qu'une part consciente de moi refuse de le laisser faire. Le tout Autre, Dieu comme moteur de mon action, prend sa source au plus intîme de moi. C'est à la fois : totalement intîme et totalement étranger. Il est peut-être plus simple de gérer cette sorte d'absolue impudeur en la constellant dans une nuée de personnages : la maman, l'ogre, le môme, afin de mettre un peu de distance de soi à soi. Le Réel venant me confronter lors de mon assise matinale c'est, en réalité, une part exilée de moi qui se rappelle à moi en vue de sa réintégration.
La joie de la mixité culturelle où la rencontre d'un propriétaire marocain venu en Belgique pour y trouver paix et prospérité, marié à une acariâtre propriétaire marocaine venue du même bled paumé, qui présentement loue un dernier étage à Mr.Cayrn, fils de princesse hongroise,et qui de bon matin, flotte galamment dans les contours cotonneux de sa conscience matinale...oufti! comme disent les liégeois, ça fait mal !
RépondreSupprimerHihi, de fait, autre exemple de juxtaposition tragicomique. Toutefois, rien ne prouve qu'il soit venu en Belgique pour trouver paix et prospérité. Moi je crois qu'il est venu en Belgique uniquement pour me faire ch**r !!! Doumme ! (comme disent les Bruxellois).
RépondreSupprimer